Pour un look non genré

Cet article sera illustré par des GIFs issus de la série TV « Les Simpsons ».

Un de mes chevaux de bataille est de lutter contre les looks « petits mecs » et « fillettes » qui s’imposent dès la naissance dans l’offre de vêtements pour enfants. Et voici pourquoi ce point n’est pas aussi superficiel et secondaire qu’il en a l’air…

Pourquoi est-ce important ?

Parce que nos enfants ne naissent pas genrés !

NOOOON je ne veux pas subir les injonctions de genre !

Il n’y a quasiment aucune différence entre un bébé de sexe féminin et un bébé de sexe masculin, si ce n’est ce qui se trouve à l’intérieur de leur couche. Pourtant, de nos jours, la mode nous encourage à déguiser nos petits bouts en adultes miniatures… et surtout à clairement signaler leur genre, puisque celui-ci n’est pas immédiatement visible. Les années d’avant l’école sont pourtant celles où l’on peut le plus facilement les préserver des stéréotypes de genre. Alors, pourquoi s’y conformer au mépris du bon sens ?

Les petites robes

Qui dit petite fille, dit petite robe.

OK, si vous le dites.

La robe n’est pas à bannir, bien sûr. Elle rend le changement de couche très pratique et fait une option des plus confortables pour les nourrissons l’été (à condition d’être ample, courte, et sans jupons ni fioritures excessives). Lors de l’acquisition de la propreté, ou si l’on fait le choix de l’hygiène naturelle au lieu des couches, c’est un gros plus pour éviter que les vêtements ne soient souillés.

Toutefois, elle n’est pas adaptée à toutes les circonstances. En hiver, vous allez vous enquiquiner à enfiler des collants en laine ou des leggings moulants sur des cuissots potelés. Plus embêtant, dès que votre enfant devient mobile, les robes peuvent constituer une entrave (il en va d’ailleurs de même des pantalons moulants… QUI a lancé la mode du slim chez les bébés ?!). Et à l’âge où les enfants commencent à courir, grimper, faire des jeux d’extérieur, les robes et les jupes viennent carrément limiter les petites filles dans leurs élans casse-cou.

Parce qu’une fois qu’elle se sera brûlé les cuisses, elle n’aura pas envie de retourner sur le toboggan. Parce que, comme en robe on est plus vulnérable aux chutes et aux coups qu’en pantalon, elle n’osera pas autant de choses. Et, pour peu qu’on lui ait dit de ne pas abîmer sa belle robe, elle n’osera plus rien du tout. Très vite, les petites filles intègrent ainsi la règle « tiens-toi tranquille et sois jolie ».

Encore une fois, il serait dommage de proscrire les robes, qui ont leurs atouts.

Ouiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii

Mais il est important d’avoir à l’esprit que les tenues des enfants en plein apprentissage de la motricité doivent être pratiques et confortables. Combiner la petite robe avec un legging est un minimum pour protéger les jambes et, plus tard, la pudeur. En outre, même si ce n’est en aucun cas un argument devant conditionner leur tenue, les filles peuvent mal vivre qu’on leur soulève la jupe à tout bout de champ, aussi il est bon que ce ne soit pas leur seule option vestimentaire.

Les « basics » pour garçons

Les garçons, quant à eux, subissent une injonction au pragmatisme qui interdit souvent toute fantaisie. C’est très bien pour leurs activités physiques, mais qu’en est-il de développer leur goût esthétique ? Pourquoi les petits garçons n’auraient-ils pas de jolis vêtements ?

Au-delà de cela, pourquoi les motifs colorés, fleuris, doux, seraient-ils réservés aux petites filles ? Pourquoi autant de camions et de fusées, de monstres et de prédateurs sur les vêtements des garçons, alors que les filles ont droit au liberty, aux broderies et aux animaux choupis ?

Boys just wanna have fun!

Lorsque mon premier fils est né, j’ai choisi ses vêtements selon les critères suivants :

  • des coupes non genrées (pas de robes ni de fanfreluches, pas de pantalon cargo) ;
  • pas de motif agressif (on ne perçoit pas de la même façon un enfant qui a sur son t-shirt un koala trop mimi ou un requin plein de dents) ni de message genré (« petit aventurier », « je suis coquette ») ;
  • pas de noir, pas de gris, pas de beige, pas de bleu marine (sauf si c’est un vêtement conçu pour une fille, car là il y a toujours des fantaisies).

Bien sûr, on ne choisit pas toujours les vêtements. Il y a les cadeaux (pour un garçon, c’est 95 % de dominante bleu foncé), il y a les vêtements d’occasion (si le choix est vaste avec les options de vente en ligne, il l’est nettement moins sur le bon coin, dans les vide-grenier ou en recyclerie), il y a les trucs qu’on achète en dépannage au supermarché du coin qui ne propose que trois layettes en rose ou en bleu. Raison de plus pour se faire plaisir sur tout le reste et contrebalancer un peu tout cela !

Ce n’est pas que les options « garçon » soient forcément mauvaises, c’est qu’on veut avoir du CHOIX et laisser aussi le choix à son enfant de ses préférences.

Que ça vous plaise ou non.

Les options mixtes

Rares sont les marques qui proposent des collections mixtes au-delà de 2 ans. Je ne connais à l’heure actuelle que Little Green Radicals pour le faire à 100 % et avec brio. Mais ce n’est pas forcément pour toutes les bourses ni pour tous les goûts, donc il faudra souvent composer avec ce que l’on trouve dans les rayons genrés.

On peut adopter deux techniques pour habiller son enfant de façon mixte.

La première est de choisir des vêtements assez sobres, dans des couleurs qui ne prennent pas parti, avec des coupes neutres. Les t-shirts, sarouels, salopettes se prêtent bien à l’exercice. Le jaune, le gris, le blanc, le rouge, le vert.

L’écru est la couleur la plus neutre au monde ! (Moulin Roty)
Le sarouel, ultra confort et ultra mixte. (Moulin Roty)
Mais je garde une préférence pour la salopette, moins marquée socialement. (Boden)

L’autre, peut-être plus difficile, mais qui a ma préférence, est de mélanger vêtements de fille et de garçon pas trop marqués, pour donner aux garçon ce soupçon de douceur en plus et aux filles un côté un peu plus cool.

T-shirt « fille »… (Boden)
… avec un pantalon « garçon ». (Boden)
Ou l’inverse ! (Boden)
Eh oui, les cœurs sont mixtes : tout le monde en a un ! (Boden, toujours)

Bien sûr, cette seconde option demande de déconstruire pas mal d’a priori sur ce qui est portable par un garçon (pour les filles, c’est un peu moins difficile de s’approprier des vêtements masculins, car c’est mieux vu en société). J’ai eu de grands questionnements au moment de mettre des salopettes en liberty à mon aîné… Et puis, une fois que c’est fait et qu’il est trop mignon, on n’y pense plus !

La choupitude.

Et je n’ai jamais eu que des retours positifs de mon entourage sur les tenues de mes enfants, en particulier des mamans de garçons. Celleux qui n’auront pas apprécié se seront abstenu de tout commentaire, et c’est très bien comme cela.

Et si mon gamin se fait taper à cause de ses fringues ?

Je suis très sensible à la question du harcèlement scolaire, mais mon aîné n’étant pas encore scolarisé, je n’ai pas eu à m’y confronter en tant que parent. C’est pourquoi je pensais surtout aux moins de trois ans en écrivant cet article. Maintenant, j’ai la ferme conviction que la confiance en soi et l’affirmation de ce que l’on aime sont de meilleurs outils sociaux que le conformisme induit par la peur.

De toute façon, la cour d’école est un lieu redoutable où l’on sera toujours pointé du doigt pour quelque chose. Si ce n’est pas les vêtements, ce sera la taille, la corpulence, la couleur de peau, la forme du nez ou l’implantation des dents…

Évidemment, si vous voyez que votre enfant ne veut plus porter certains vêtements à l’école, ne l’y forcez pas. Mais iel devra aussi apprendre à tenir tête aux autres ou à essuyer les moqueries, car de toute façon iel sera testé•e par ses pairs, et s’enfermer dans une boîte n’est pas non plus la recette du bonheur.

Le plus important est sans doute d’être à l’écoute des envies et des peurs de l’enfant, et de lui donner les clés pour se défendre. Comme, par exemple, les merveilleux dépliants conçus par Maman rodarde ! (Il y en a aussi pour les filles !)

Photo empruntée au blog « Maman, rodarde »

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